Il existait au XIXe siècle deux verreries sur le territoire du Nouvion-en-Thiérache : la verrerie dite interne, fondée en 1797 et la verrerie externe, plus connue sous le nom de verrerie du Garmouzet située à proximité de la petite rivière vieille Sambre, vestige du tracé originel de la Sambre avant sa canalisation. Cet établissement est construit vers 1662, sous la direction de Nicolas Vaillant du Houÿ-Montplaisir, écuyer, seigneur de Charlefontaine, gentilhomme verrier, en vertu d’un arrêt du Conseil d'État du 1er juillet 1662, accordant à Henri de Lorraine, prince de Condé, un monopole d’exploitation des forges et des verreries sur le duché de Guise ; l’occasion de rentabiliser son domaine forestier. La lettre précise également l’exploitation des matières premières pour la verrerie dans un rayon de 10 lieues à la ronde et l’aménagement de l’Oise en voie navigable. En 1674, Jean-Jacques de Colnet, souffleur, occupe la verrerie avec sa femme avant que celle-ci ne soit abandonnée en 1694. En 1725, Jacques le Vaillant, un descendant, lance une campagne de verre plat avec le concours de Charles de Colnet de la Cloperie du Houÿ-Montplaisir, et rachète le site en 1743. Son fils, Alexandre Vaillant reprend la verrerie deux ans après le décès de son père. Malheureusement, un incendie frappe l’établissement en 1750 ne laissant aucune trace des premières édifications. Ruiné, Alexandre Vaillant se résout à céder son établissement le 24 mars 1785 à Jean-Michel Caton pour 1 200 livres, l’activité reprend de concert. Le 27 juin 1813, Louis Gervais Caton et sa sœur Angélique Geneviève, tous deux maîtres de verrerie du Garmouzet par héritage deviennent également propriétaire de la verrerie interne après adjudication suite à la faillite de son dernier propriétaire Claude François Savreux. Au décès de sa sœur, L. G. Caton s’associe le 3 mars 1819 avec le marchand de bois Louis Joseph Parmentier fondant la société Caton & Parmentier. La verrerie du Garmouzet est destinée à la fabrication du verre blanc de gobeleterie. Début février 1829, de nouveaux entrepreneurs intègrent la verrerie du Garmouzet : François-Michel Caton, maître de verrerie au Garmouzet et descendant direct, Louis Landouzy-Gordien, directeur de la verrerie de Bruet près de Valenciennes, ainsi que son père Louis Landouzy, verrier, Ursmer Gordien et son fils, propriétaire et « voyageur » pour la verrerie, Philippe Gordien « facteur de verrerie et Alexandre Bosquette, verrier. En 1832, Eugène Collignon, l’un des deux fondateurs de la deuxième verrerie de Trélon, achète des parts et devient directeur de la Société Collignon, Landouzy, Gordien & Cie, le temps de régler ses problèmes de succession trélonnais. Le 12 avril 1839, Alexandre Bosquette, époux d’une Gordien, et proche des familles Landouzy et Caton, acquiert l’intégralité de la verrerie et lui donne une nouvelle impulsion. En 1840, le site emplois 40 hommes, 4 femmes et 12 enfants et possède un seul four fonctionnant au bois. En 1849, il s’associe à son gendre Jules Bombart et fait encore prospérer. Au décès d’A. Bosquette en 1859, l’établissement compte deux fours l’un à bois et l’autre au charbon. L’année suivante, une taillerie, équipée de 80 tours actionnés par une machine à vapeur, est installée, elle emploie entre 270 et 300 ouvriers. La verrerie fabrique du cristal, de la gobeleterie blanche façon cristal et de la verroterie qu’elle exporte dans la France entière. Elle obtient une médaille à l’Exposition universelle de 1867 pour la qualité de ses produits, la pureté, la blancheur du verre, l’élégance de ses formes et la qualité de la taille. En 1879, les héritiers Bosquette-Bombard intègre la Compagnie générale du verre et du cristal trempé située à Paris regroupant une verrerie à Pont d’Ain, une verrerie à Choisy-le-Roi pour pouvoir exploiter ce nouveau procédé donnant au verre une résistance à la chaleur et au choc. René Bosquette devient directeur de ladite société. Malgré l’exploitation de ce nouveau procédé, la verrerie cesse son activité en 1886, la société est dissoute en 1887. Laissée à l’abandon, elle est mise en vente ou en location par Alfred Mairesse en décembre 1891. Occupant une superficie de plus de 4 ha, les bâtiments et dépendances, en dehors de la maison central « Le Château », abriteront au début du XXe siècle une société de bois tourné « Les bois jolis » de Felleries, transformée en scierie dans les années 50. Aujourd’hui, rares sont les vestiges de la verrerie, seuls quelques logements ouvriers et deux maisons de maître sont encore visibles au lieu-dit du Garmouzet. L’emprise du site industriel est occupée par l’établissement et de service d’aide par le travail « le Garmouzet » placé sous la houlette de la Fondation Savart.
Verrerie du Garmouzet
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Localisation : 12 Rue Clavon Collignon - Fontenelle - Nord (59)
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Appellation : Verrerie du Garmouzet
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Période d'activité : 1662-1887
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Production :
- Gobeleterie
- Cristal
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Fiche inventaire : consulter